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Doit on faire passer la "performance" devant tout le reste ?

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Aujourd'hui, je vais parler d'une notion qui nous est très familière, elle se cache plus ou moins derrière tout ce que l'on fait : la performance. Depuis tout petit, on nous éduque, plus ou moins consciemment, à s'illustrer, à réussir, à être productif. Elle apparaît comme une évidence, un socle que l'on ne remet pas en question. Quand on commence une activité, on se demande comment nous allons performer, comment optimiser notre courbe de progression et notre réussite.

On la retrouve partout en entreprise : les indicateurs de performance, le management par la performance, la compétition interne ou externe. On se met alors à vouloir devenir plus, toujours plus. On lit des livres d'entrepreneurs à succès, on fait des stages de management, on étudie le leadership, on doit être ce collaborateur confiant, innovant, inspirant, efficace et j'en passe. On fait tout pour porter le masque de la personne « parfaite et efficace ». La justification qui nous vient le plus simplement est : « c'est comme ça, pour être reconnu dans le système, ça marche comme ça ».

Les indicateurs de performance ont une intention positive de faire aboutir et s'épanouir le projet qu'ils suivent, mais quand ils sont utilisés à l'excès, ils créent souvent complètement l'opposé de l'intention initiale. On perd le sens de ce que l'on fait, on oublie ce pour quoi on fait les choses, on se met juste à suivre ces chiffres sans plus se poser la question de ce qu'ils représentent. On ne compte plus le nombre de fractures entre collaborateurs et managers, cette dissonance cognitive entre « bien faire mon travail de manière intuitive et logique » et « bien répondre aux attentes du manager et des objectifs fixés ». Il est fascinant de voir à quel point ces deux intentions se retrouvent fréquemment à l'opposé en termes de comportements à adopter.

On se retrouve donc à bien faire les choses, sans plus se poser la question de quelles sont les bonnes choses à faire. Tant qu'on dépile les tâches, que l'on rentre dans les chiffres annoncés, c'est bon. Tout ça donne lieu à des aberrations énormes, où l'on ne prend plus du tout les décisions pour les bonnes raisons.

Le problème n'est pas la notion de performance en soi, qui est un besoin humain fondamental, mais ce qu'on y rattache derrière. Est-ce qu'être performant c'est seulement réaliser le chiffre attendu dans les objectifs ?

C'est comme si l'entreprise avait créé un masque pour chaque poste qu'elle pourvoit, le but du jeu consiste à mettre ce masque le plus possible, comme un acteur. Ceux qui réussissent sont donc ceux qui jouent le mieux le jeu, quand bien même celui-ci serait absurde, sans avenir, ou destructeur. Cela tend forcément à l'individualisme : on ne regarde plus la photo dans son ensemble, car ce n'est pas ça qui importe, ce qui est important c'est d'être performant selon les critères attendus, qu'ils soient chiffrés ou non.

En ce moment, on nous parle de bâtir le monde d'après, mais encore faut-il comprendre d'où viennent les dérives du monde d'avant. L'injonction à la performance sur des objectifs chiffrés en est, sans aucun doute, une composante importante.

Je crois sincèrement à une organisation dans laquelle on redonne le pouvoir aux personnes qui la composent. Laisser l'intuition et le bon sens gérer les situations, redonner la responsabilité aux personnes sur leur domaine, refaire confiance, arrêter de surcontrôler et de contraindre.

Je crois qu'à moyen/long terme, l'humain qui agit en « conscience » dans le but de faire avancer le projet correctement, est bien plus « performant » que celui qui regarde uniquement les objectifs à court terme en oubliant la mission globale. La pression du court terme et l'urgence permanente à laquelle nous contraint notre fonctionnement peuvent nous éloigner de cette évidence, mais des exemples français comme Favi, Poult ou Chronoflex viennent nous démontrer le bien-fondé de cette démarche.

Et cela devient encore plus vrai dans un monde qui va de plus en plus vite, où le changement devient nécessaire et plus fréquent.

Préférons donc être des humains conscients et impliqués, plutôt que de jouer la carte de la performance pour la performance, le futur nous le rendra :)

Etienne

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